Once upon a time… Le village et la Forêt Il était une fois une immense forêt, dense, chaude, et peuplée d’innombrables créatures exotiques. Cette forêt plus comparable à une jungle qu’à un bois, se parait à chaque levée du soleil de ses quelques millions de nuances de verts, de bleu, de jaune, de rouge, et de ses interminables senteurs, essence même du parfum de ce monde. On raconte que le sombre infini rongeait la lisière extérieure de la forêt, et que cette dernière s’étendait par-delà les montagnes, par-delà l’horizon même, et ne se terminait qu’aux frontières de notre imagination seulement. De cet infini ne naissait rien d’ailleurs, sinon plus de verdure et d’inconnu… Inquiétante, mystique, dangereuse, magique, imprévisible, tous les attributs étaient de sortie lorsqu’il s’agissait de qualifier la forêt. Il faut dire que celle-ci ne donnait que trop rarement tort à ceux qui la jugeait. Ses animaux dont on ne percevait que trop tard leur présence, de ces plantes toutes plus sournoises et vénéneuses les unes des autres, de ces marécages qui semblent se former soudainement sous vos pieds, de ces arbres cochés ici et là pour tracer son chemin et qui semblent se jouer de vous à disparaitre aussitôt que vous leur tourner le dos… Combien ont disparu, pour ne pas dire périr, combien en sont revenus changés, pour ne pas dire fous, et combien s’y perdront encor… Il était donc une fois, cette immense forêt, qui aussi immense soit-elle, aussi indomptable qu’infinie, renfermait en son cœur, son centre, un immense village peuplé de gens ordinaires, vivants des vies ordinaires, coincés dans l’antre de la forêt, au centre de tout, au milieu de rien. Ce peuple, coupé du monde, ce monde, coupé de ce peuple. Y avait-il quelqu’un par-delà la forêt, y avait-il âme qui vive à l’intérieur de cette forêt ? Peu importe, la vie n’existe pas de l’autre côté d’où on se trouve, tout du moins, on ne l’a jamais vu. Et pour les hommes de ce village, seule la forêt comptait. Car malgré tout, c’est elle qui nourrit, qui apporte l’eau de la pluie, qui protège du vent, et c’est elle qui fascine. On raconte dans toutes les tavernes du village, tous les bordels, tous les ferrailleurs, toutes les écoles, que des tonnes de pierres précieuses sont à découvrir, qu’il y aurait d’autres hommes de l’autre côté, des animaux magiques, maléfiques, que des monstres côtoient une sorcière, et même qu’elle vous coupe la tête pour boire votre sang après une mort lente et douloureuse. Un homme dit même avoir vu l’esprit de la forêt roder autour de lui. Et de ces hommes, il y en avait un qui en était le plus fasciné, irrésistiblement attiré sans jamais l’expliquer. Il avait vu nombre d’hommes s’y aventuraient, certains furent même de ses amis. Mais jamais il ne se décida de s’y aventurer, préférant l’observer que de la pénétrer. Mais en fin de journée, alors que le soleil rappelait à tous que l’été était pile au rendez-vous, le jeune homme décida … de devenir un homme. D’un pas décidé, il se dirigea vers sa chambre, et s’habilla de ses plus beaux habits, enfila sa plus belle chevalière et mis son chapeau le plus vieux, celui qui l’accompagna dans toutes ses épopées. Enfin, fier du reflet que rendait son miroir, il enfila une immense cape couvrant ses larges épaules jusqu’à ses pieds sans toutefois touchée le sol. Entièrement protégé sous sa cape brune, il prit la direction de ses dépendances pour y charger un lourd sac de denrées alimentaires et autres accessoires de survie. Fermement décidé à revenir sain et sauf, il n’omis surtout pas de s’équiper d’une dague en métal de dragon. Cette dague même qui appartenait jadis à feu son père, et qui selon la légende se transmet ainsi depuis 22 générations. Un temps où les dragons régnaient en maîtres absolus. Un temps où la forêt n’était pas aussi grande. La nuit n’était pas encor tombé, le soleil semblait puiser dans ses dernières forces pour éclairer le passage jusqu’à un petit chemin tracé naturellement. Car à force d’observation, du haut de sa grande tour, le jeune homme avait eu maintes fois l’occasion de repérer les particularités du relief et chaque mètre de lisière ne lui était étranger. Il s’engouffra alors en elle. La forêt semblait n’attendre que cela. |
"Natacha, tu es magnifique"
Thierry MARTIN - 29 juillet 2017